La French Touch.
Si l’ensemble des témoignages récents concernent le monde anglophone, la France n'est pas épargnée par les affaires, comme l'a montré en 2018 la longue enquête sur les conditions de travail dans l'industrie du jeu vidéo menée par Canard PC en association avec Médiapart. Nous avions notamment révélé comment de nombreux photomontages injurieux et sexistes mettant en scène des employés avaient pu circuler librement au sein du studio Quantic Dream*. Or, dans un article du 16 septembre 2019 intitulé « Sexisme, harcèlement, agression… Pourquoi y a-t-il une telle omerta dans l’industrie du jeu vidéo en France ? », le site 20 Minutes a publié des témoignages anonymes qui dressent un portrait glaçant de l'industrie du jeu vidéo français. On y apprend notamment que pour se protéger, des travailleuses se passent depuis plusieurs mois une liste où figurent les noms d'une dizaine de personnes de l'industrie réputées « toxiques voire très dangereuses ». Pourtant, les révélations publiques sont plutôt rares dans une industrie française qui compte à peine 6 000 personnes, le plus souvent dans de très petites entreprises**. Pour le STJV, ce silence n'est pas dû à un état d’harmonie exceptionnel mais à « la concentration du pouvoir dans les studios et à l'entre-soi de la communauté française du jeu vidéo, plus petite et concentrée qu'en Amérique du Nord », où les agresseurs s'entraident plus facilement, aidés par des studios qui protègent l'image d'un milieu jeune et sans conflits. « Réagir et reconnaître le sexisme au travail, ce serait briser cette image de "pays des Bisounours", que les lobbies patronaux travaillent depuis des années. » Contacté par Canard PC, le SNJV*** a tenu à rappeler que les victimes pouvaient saisir l’inspection du travail ou les services de police. Le délégué général du syndicat, Julien Villedieu, a également précisé pour la première fois que le SNJV était disposé à recueillir des témoignages en garantissant l’anonymat des victimes, en accompagnant leurs démarches et « en assurant leur avenir professionnel dans l’industrie », c’est-à-dire « en facilitant leur mise en relation avec les entreprises désirées ».
* À la suite de ces révélations, le studio et ses dirigeants ont porté plainte en diffamation contre Le Monde et Médiapart. Canard PC, qui n'a pas été visé par ces plaintes, maintient évidemment ses informations.
** En 2018, le Syndicat national du jeu vidéo dénombrait 911 entreprises de jeu vidéo françaises, dont 4 dans les DOM-TOM.
*** SNJV: Syndicat national du jeu vidéo, qui défend principalement les intérêts des entreprises de développement de jeux vidéo.
À la suite de ces révélations, le studio et ses dirigeants ont porté plainte en diffamation contre Le Monde et Médiapart.
CiterÀ la suite de ces révélations, le studio et ses dirigeants ont porté plainte en diffamation contre Le Monde et Médiapart.
Mauvaise stratégie... ils ont l'air encore plus coupable.
A leur niveau la vérité importe peu, ce qui compte c'est l'image.