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Auteur Sujet: [Dossier GK] STEAM IN-HOME STREAMING : L’AUTRE SALON DU JEU VIDÉO  (Lu 1843 fois)


Depuis l’annonce des Steam Machines et du SteamOS, il ne fait plus aucun doute que Valve compte bien envahir le salon des fidèles déjà acquis à la cause informatique.

Après avoir lâché une petite portion de prototypes dans la nature et offert une version de travail de son système d’exploitation au grand public, la firme de Gabe Newell s’est mise en tête d’achever les PS4 et Xbox One d’une balle dans la nuque grâce à une nouvelle arme maison : le "In-Home Streaming", ou la possibilité de jouer aux derniers jeux PC sur sa télévision sans avoir à supporter la vue d’une tour de douze tonnes bardée de néons juste à côté. Et parce que les bêtas Steam ne sont jamais vraiment fermées, nous avons été sélectionnés pour participer au programme d’essai en cours.

Si vous avez passé les trois dernières années sous votre couette, peut-être ignorez-vous encore que jeu en streaming, soit la possibilité de voir et contrôler son titre à distance de sa machine, c'est la grande marotte des constructeurs de tous bords. On pense bien entendu à NVIDIA, déjà sur le coup avec sa portable SHIELD, Nintendo qui cherche toujours à vendre le GamePad de la Wii U comme second écran, et Sony qui tente encore de sauver la Vita du naufrage en faisant d’elle un moniteur secondaire de la PS4. Chacune de ces solutions est évidemment coûteuse pour le consommateur, puisqu'elle impose (sauf dans le cas de la Wii U) l’achat d’un appareil dédié à la réception du signal vidéo en continu - le streaming. A ce titre, la solution de Valve est donc une petite révolution en ce qu'elle est intégralement logicielle, comme l'était en son temps Gaikai : n’importe quel ordinateur capable d’accueillir la plate-forme Steam, et de lire une vidéo sur Internet, est potentiellement éligible au statut d’appareil secondaire. Qu'il s'agisse du super calculateur des joueurs friqués, à l’ordinateur portable de grand-papa, en passant par les tablettes Windows ou les mini-PC.

LA PUISSANCE DE FEU D’UN CROISEUR ET DES FLINGUES DE CONS COURTS

Pour ce faire, il faut évidemment commencer par adhérer au groupe "Steam In-Home Streaming", et activer les mises à jour bêta du client. Une première vague d'élus ont déjà été appelés, d'autres les rejoindront bientôt. Côté équipement, on l'a dit, il suffit de posséder chez soi au moins deux machines ; la plus puissante fera office de serveur et l’autre de client. Les réglages du débit, de la résolution ou et du framerate visé se font ensuite à tâtons, afin d'obtenir un bon compromis entre qualité et fluidité. Pour ceux qui ignorent tout de cette technologie, il faut savoir qu'une bande passante élevée réduit la compression de l’image, et assure donc une bonne netteté. Encore faut-il que le boitier planqué sous la télé ait la patate nécessaire pour absorber le flux de données.

Nous avons bien sûr tenu à tester les limites de cette promesse en variant les jeux et le matériel. Le serveur, équipé d’un quad core assez puissant et de 12 Go de RAM, est essentiellement limité par sa carte graphique, une GTX 560 Ti qui fait tourner la plupart jeux récents en 1080p à 60 images par seconde, malgré son statut de vieille dame. Les machines réceptrices sont moins bien loties, à différents degrés. La première est une tour classique, abritant une Radeon HD 6950, elle aussi globalement à l’aise avec les titres actuels. La deuxième bête, surnommée "la brique", est un portable en fonte de 2008, tirant la langue sur les derniers indés en deux dimensions. Dans la fosse à purin, enfin, se cache un Acer Aspire One D270, un netbook d’entrée de gamme crachant du sang sur le moindre traitement de texte. Lui ne mérite même pas de nom.

Une fois les deux ordinateurs connectés au même compte Steam, nul besoin de configurer quoi que ce soit. Les deux terminaux se reconnaissent mutuellement. Chacun fait simultanément office d’hôte et d’invité selon les jeux à lancer : simplement, au lieu de trouver un bouton "jouer" dans la bibliothèque, les titres installés sur le disque dur de l’autre machine uniquement seront signalés par un bouton "streamer". Les options de compression ou de réseau se dénichent quant à elles dans les préférences du client sous la dénomination "streaming local".

Test avec un PC fixe :
Steam Streaming : test avec PC fixe


Test avec un netbook
Steam Streaming : test avec netbook


Test avec une brique
Steam Streaming : test avec une brique

L’ART DE TUER LES MOUCHES AU BAZOOKA

De ces trois bécanes, la plus véloce ne constitue pas à proprement parler le choix le plus pertinent pour une utilisation en simple >streaming, vu qu'en dehors de toute considération pécuniaire, le dernier Tomb Raider tourne dessus comme un charme - on voit donc mal l’intérêt de l’assujettir à un PC de puissance sensiblement équivalente pour perdre en qualité, et surtout ajouter à l’expérience une latence certes légère, mais bien décelable lorsqu'il s’agit de viser avec un flingue. Après plusieurs heures de test, il paraît évident que la fonctionnalité n’est pas encore complètement au point pour les FPS et TPS, et tous ces jeux qui ne pardonnent pas la petite seconde de trop côté réflexes. Mais il faut aussi préciser que pour ce genre en particulier, le lag varie du tout au tout selon les titres. Ainsi Left 4 Dead 2 répondait-il au doigt et à l’œil, au contraire de Dishonored chez qui le délai entre les commandes et leur transcription sur le second écran empêchait d’utiliser élégamment le blink en plein saut. Étrangement, l’écart est beaucoup moins perceptible avec une manette qu’en tapotant sur le clavier.

Comme on n’est pas chez les sauvages, nous avons donc décidé d’écumer quelques beat'em all, un genre plus adapté au périphérique. Devil May Cry dernier du nom s’en tire ici avec les honneurs, tout comme Dust : An Elysian Tail. Les combos s’enchaînent sans difficulté, y compris dans les airs. Pour les gameplays qui demandent une réactivité moindre donc, tout tourne tant que les données passent directement par des câbles ou par un réseau Wi-Fi de dernière génération. Car sous la norme 802.11g, la limite de débit inflige de grosses saccades au jeu si on ne lui impose pas un plafond de 30 images par seconde. La bonne nouvelle toutefois, c’est qu’en désactivant le décodage matériel, les performances restent correctes. Autrement dit, un simple processeur i3 de première génération suffit à streamer correctement sans l’aide d’une carte graphique hors de prix. Pas cher, mon fils.

MAÇONNERIE 2.0

N’ayant pas encore rencontré de désagrément majeur, il est temps de descendre en gamme. L’antique laptop se prête parfaitement à une nouvelle série de tests. En ethernet, encore une fois, pas de surprise, le résultat ressenti est le même qu’avec la tour utilisée précédemment, à un détail près : la dalle du portable affiche une résolution bâtarde de 1440 par 900. Par souci d’équité, nous avons donc branché le tout sur un téléviseur en 1080p. Et cette fois, la liaison ethernet ne parvient pas à offrir les 60 images par secondes, vu qu'elle peine à en supporter la moitié. Le processeur hors d’âge et les malheureux 256 Mo de mémoire vidéo embarquées ne permettent pas d’absorber le flux de données. Réduire le débit maximal n’est pas plus efficace, une compression accrue nécessitant une puissance de décodage supplémentaire qu’on serait bien en peine de trouver.

Plus inquiétant, le message "slow decoding" n’est pas effrayé par les dommages collatéraux. Si l’ordinateur souffre vraiment trop, la latence s’amplifie jusqu'à l’absurde : sur les tableaux les plus colorés, les explosions et autres détails de l’image ont vite raison de la relique, et le délai d’affichage se met progressivement à dépasser la seconde. Inutile d’espérer jouer correctement au salon dans ces conditions. Dans le meilleur des cas, l’enclume pourrait servir à se détendre dans une autre salle dépourvue d’ordinateur. Mais le Wi-Fi impose vite ses limites : la fiabilité du signal décroissant avec la distance et les cloisons, notre vidéo démarre affligée d’un "slow network" dans une pièce séparée du routeur par sept mètres et deux murs en papier mâché. La brique peut donc retourner dans son mur (on peut l'y aider...) sans aucun regret.

PLAY MOBILE

Par acquis de conscience, nous passons donc au netbook et à sa dalle d’une résolution maximale de 1024 par 600. Branché directement sur un moniteur et poussé en haute définition, le résultat est déprimant. Le décalage atteint les treize secondes en un battement de cils et n’importe quel logiciel est bloqué à 15 images par seconde, que les informations passent en ethernet ou en Wi-Fi. Mais en se contentant de la résolution offerte par défaut sur le petit écran de 10 pouces, et en limitant l’utilisation de la bande passante, le framerate remonte et la latence diminue. DmC retrouve alors un peu de sa superbe, mais n’est malgré tout pas aussi réactif qu’on pourrait l’espérer. Enfin, en passant au 480p, la vidéo avoisine les 30 images par seconde en permanence, sans jamais les dépasser pour une raison qui nous échappe. Dans ce cas, le débit n’est plus vraiment un facteur limitant, et les contrôles sont à peu près synchronisés. Le chétif du groupe devient subitement le meilleur moyen de finir une partie tranquillement au pieu les soirs de grand froid. Alors certes, la taille réduite du moniteur n’est clairement pas idéale pour des parties endiablées à quatre en split-screen autour d’une bière, mais elle suffit à offrir une expérience portable très satisfaisante pour quiconque ne possède pas de 3DS ou de Vita, tout en offrant une quantité de titres incomparablement supérieure aux catalogues de Sony et Nintendo. En fermant les yeux sur quelques artefacts, un débit de 3 Mbps suffit à faire tourner n’importe quoi, une paille comparé à la trentaine requise pour profiter du jeu sur une diagonale respectable. Pour un peu, l’idée mériterait d’être creusée afin de voir si notre tromblon ne pourrait pas nous divertir lors de voyages loin du doux foyer. Chiche ?

LOIN DES YEUX, LOIN DU GORE ?

Car on peut aussi détourner gentiment le "in-home streaming", pour pousser son usage au bout des retranchements. Avec le séduisant Gautoz, lequel bénéficie d’une connexion montante avoisinant les 5 Mbps - quel homme - sur Paris, nous nous sommes prêtés aux jeu. La machine basée dans la capitale a d’abord envoyé les informations vers celle qui nous servait auparavant de serveur local, quelques quatre cents bornes plus loin - oui oui, on a Internet en province. Rassurez-vous, pas besoin d'un CAP de h4ck3r pour y parvenir : Hamachi propose gratuitement la création de réseaux locaux virtuels (et temporaires) en quelques clics.

Une poignée de minutes plus tard, les deux engins sont prêts et le test débute... dans la souffrance. D'office, le 1080p est à bannir, de même que régler la bande passante au maximum des capacités de la ligne. Cette première tentative s’est soldée par le suicide du routeur après un diaporama agonisant et une souris en retard de deux secondes - honnêtement, nous nous doutions un peu du résultat. Par conséquent, nous avons ensuite ressorti le netbook, et limité le débit à 3 Mbps. Tout fonctionne alors à merveille. Tetrobot passe comme un charme, avec une latence légèrement plus élevée qu’en local mais pas rédhibitoire pour autant. Lancé depuis Paris, Castlevania : Lords of Shadow est lui aussi tout à fait jouable au gamepad à 400 bornes de là, malgré des artefacts un peu plus fréquents que si les deux engins s’étaient trouvées côte à côte.


Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo   Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo   Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo
Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo   Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo   Steam In-Home Streaming : l’autre salon du jeu vidéo


BUREAU DE POCHE

Le test est concluant : pour peu que notre FAI ne joue pas les radins sur l’upload, il est tout à fait envisageable de profiter des titres récents sur du matériel souffreteux, à plusieurs centaines de kilomètres de chez soi. Voilà de quoi réjouir les souscripteurs d’un abonnement fibre correct. Se pose alors le problème des jeux achetés en dehors de la plate-forme, inaccessibles par défaut. Or, depuis que Valve a décidé d’envahir les PC de joueurs, il est possible d’ajouter à la bibliothèque des applications étrangères à Steam, comme les exclusivités Origin ou Uplay. Si Electronic Arts empêche les Battlefield 4 et autres Crysis 3 d’être diffusés, ce n’est pas le cas de celle d’Ubisoft qui se montre relativement coopérative avec la nouvelle fonctionnalité.

Les plus productifs d'entre-vous se serviront aussi de cette méthode pour accéder à Word ou tout autre outil de travail où qu’ils logent. Suite à l’ajout d’un logiciel chiant dans la bibliothèque du serveur, les malins le lanceront en streaming avant d’en réduire la fenêtre pour contrôler leur bureau depuis une chambre d’hôtel. Ils auront ainsi accès aux téraoctets de films et musiques stockés légalement chez eux. Et quand un titre refuse de s’offrir à nous en employant la procédure classique, comme c’est le cas pour Heartstone par exemple, on pourra toujours se contenter d’en tâter directement depuis le bureau en mode fenêtré.

MONTÉE EN PRESSION

Bien qu’à l’état de brouillon, le streaming cuisson vapeur s’est donc révélé encourageant, en dépit de quelques hoquets. Quelques bidouilles permettent même de le détourner de sa fonction principale pour en faire un outil de travail simple à configurer, ou un bon moyen de continuer une partie loin de chez soi sans avoir à embarquer une unité centrale dans ses bagages. Pour autant, le produit est encore loin d’être fini. Si la latence est très acceptable pour jouer à des genres qui n'imposent pas des réflexes de l’espace, elle s’avère très gênante dès le passage en Wi-Fi sur certains FPS et TPS, en particulier au clavier et à la souris. Pour le moment, les réglages sont également un peu trop chiches et ne permettent pas d’exploiter l’intégralité de la bande passante en Ethernet ou d’altérer la charge processeur sur le serveur, par exemple.

D'ici les prochaines mises à jour, reconnaissons au moins que les ingénieurs ont admirablement réussi à conserver la qualité d’image sans nuire aux performances, contrairement à Fraps qui a amputé nos vidéos d’une grosse louche d’images par seconde sur les machines faiblardes. Dans les conditions optimales, seuls les outils de monitoring affichés de force au bas de l’écran permettent de distinguer le client du serveur. Une fois au point, cette technologie pourrait donc bien nuire aux consoliers : les joueurs déjà munis d’un PC puissant préféreront peut-être faire l’impasse sur la nouvelle génération, et prendre un vieux coucou pour amener la vapeur dans leur séjour.

Source : GameKult
  • Jeu d'origine : Battlefield
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